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Sauvetage de 3 biquettes...

Dernière mise à jour : 3 sept. 2018

Après plusieurs jours sans nouvelle, nous retrouvons enfin nos chèvres, mais elles ne sont pas sortie d'affaire pour autant.


Déjà 10 jours que nous n'avons plus de nouvelles de nos 3 chèvres Claude et moi. Nous pensons avoir fouillé partout, et nous n'avons aucune piste. Nous enchainons les heures de marche, de jumelage, mais rien. Et puis un jour que nous redescendons d'alpage, nous croisons 2 gardes du Parc National de la Vanoise. Nous leur posons la questions au cas où. L'un d'eux n'a rien vu, et l'autre ne dit rien sur le moment, puis il finit par nous dire qu'il les a rencontré à la Feiche, où se trouve leur cabane, et il les a laissé le suivre jusqu'au Pont de l'Ouilletta, près de 10km plus loin!! Nous savons qu'elles ne retourneront plus d'elles même à la cabane, elles sont donc perdues quelque part là haut dans la neige.



Je commençais à perdre espoir, alors cette nouvelle me booste, et il me tarde d'aller les chercher, malgré le danger que cela représente. J'espère qu'elles sont vivantes. A cette époque de l'année, le Col de l'Iseran est fermé. Nous tentons de monter le plus haut possible en voiture, afin d'économiser quelques heures de marche. Arrivés au Pont de neige, nous marquons une pause pour jumeler. Après quelques minutes, Claude en repère une! Je la trouve à mon tour, et nous voyons les 2 autres pas loin. Je suis d'abord soulagée, puis je réalise qu'elles sont très haute en altitude, et des coulées de neige sont déjà descendues dans le secteur. La montée risque d'être périlleuse. Nous reprenons la voiture jusqu'à la Maison Cantonnière. Impossible d'aller plus loin en voiture. Les chèvres sont toujours visibles, mais elles ont l'air de suivre des bouquetins, et montent de plus en plus haut...



Visiblement, la montée ne va pas être sans danger. Nous devons traverser des couloirs à avalanches, Claude en ski de rando, et moi en raquettes. Bizarrement dans ma tête, rien ne peut nous arriver! Nous partons! Ce n'est pas un hasard si nous avons enfin retrouvé la piste des chèvres, alors pourquoi devrions nous mourrir si prêt du but? Après quelques minutes, nous arrivons à l'endroit le plus dangereux du parcours. Nous devons traverser un couloir donnant directement dans le vide. Si l'avalanche nous emporte, nous serons projetés plusieurs centaines de mètres plus bas, et nous n'avons que peu de chances d'échapper à la mort. Claude prend le temps de prévenir un ami ainsi que sa fille par téléphone. Si jamais un drame arrivait, les secours sauront où nous sommes. Pendant qu'il parle, une coulée descend lentement devant nous. La peur me gagne... mais je veux continuer malgré tout!


Claude passe le 1er, j'ouvre l'oeil afin de le prévenir au plus vite si un pépin arrivait. Arrive mon tour. J'avance rapidement en prenant soin de bien planter les crampons des mes raquettes, tout en regardant sans arrêt le vide sur ma gauche, et le couloir sur ma droite. Arrivée à un endroit plus sûr, je souffle un peu. Nous attaquons ensuite un couloir ne présentant que peu de risque. Toutefois, avant d'arriver au sommet, des boules de neige tombent sur notre droite. Une plaque s'est également détachée un peu plus haut, mais fort heureusement elle ne descend pas jusqu'à nous.


Le vent ayant beaucoup soufflé à certains endroits, nous reprenons la route à pied, la neige se faisant plus rare. Arrivés au plat, nous scrutons l'endroit à la recherche de nos bêtes. je prend quand même le temps de regarder tout autour de moi. Le panorama qui s'offre à nous est splendide!





Nous tentons de nous repérer, puis nous partons en direction du lieu où nous avons vu les chèvres pour la dernière fois. Aucune bête! Nous remarquons toutefois des traces, et nous finissons par les repérer plus loin. Je les appelle en faisant du bruit avec mon sac de grain, un met dont elles raffolent. Si elles s'échappent, c'est foutu! je m'approche de plus en plus près, et ma préférée fini par venir me manger dans la main. J'étais sûre qu'elle viendrait! Nous réalisons qu'il nous faut attacher 2 des chèvres pour la descente, mais nous sommes montés sans cordes, ni même de la ficelle. Après réflexion, nous utilisons les sangles de mes raquettes, je n'en aurai plus besoin. Claude confectionne un collier ainsi qu'un bout de laisse pour 2 des chèvres, la 3ème suivra forcément. Nous prenons le temps de faire quelques photos des retrouvailles, en souvenir...



Nous reprenons notre chemin dans le sens inverse. Il a fallu s'habiller plus chaudement, et même porter des gants à cause du froid. Je constate que la nuit tombe, et je n'ose imaginer la descente, une chèvre à la main. Au loin nous apercevons le sommet du Col de l'Iseran. Nous paraissons être bien plus haut, sans doute à plus de 3000m d'altitude.


Arrivés à une portion de la route du Col, nous avons le choix entre reprendre nos traces faites à l'aller par le couloir à avalanche donnant dans le vide, ou poursuivre sur la route et trouver un passage plus loin pour descendre, c'est plus long mais plus sûr. Avec les chèvres, inutile de prendre des risques, nous prenons par la route. Nous arrivons à un tunnel. La sortie est bouché par une avalanche. Seul un petit croissant de lumière est visible au sommet d'un amas de neige. Claude passe le 1er. Il repousse des blocs de neige avec les pieds et son bâton, et il finit par se glisser en dehors du tunnel, suivit des biquettes. Je réalise que ce que je fais là est complètement dingue! Et Claude me fait remarquer que je ne passerai plus en voiture dans ce tunnel sans penser à cette aventure. C'est certain!


Quelques mètres plus loin, nous devons descendre sur la droite, sur une neige assez dure. Claude me donne les instructions. je dois planter mes talons en 1er, si possible dans ses traces, et je dois le suivre de très près. Il ajoute qu'en cas de chute, nous risquons de ne pas pouvoir nous arrêter, et c'est la mort assurée plusieurs mètres plus bas! Le stress me gagne. De plus, je commence à ne plus voir grand chose tant il fait sombre. J'ai eu la présence d'esprit d'emporter une lampe frontale, je la fixe sur mon front, puis nous reprenons la descente. Je m'enfonce parfois jusqu'à mi mollet. Les bleus et la bosse sur mon tibia aujourd'hui témoignent de la dureté de la neige. Mon coeur bat à 1000 à l'heure! Les chèvres, trop légères pour s'enfoncer dans la neige, glissent comme des savonnettes. La mienne m'emporte plusieurs fois, me faisant tomber. heureusement je reste enfoncée dans la neige. Soudain, la chèvre en liberté glisse sur notre droite, sur plusieurs mètres. Claude la voit déjà perdue, mais elle est heureusement stoppée par un amas de neige d'une ancienne avalanche. Mon coeur résonne dans mes oreilles. Tellement hâte d'arriver à la voiture, il reste toutefois du chemin, et je dois rester vigilante.


Il fait nuit. Ma frontale éclaire seulement le chemin. Nous arrivons enfin dans un partie où la neige est plus molle, et la pente moins raide. Nous soufflons enfin! Le ciel est étoilé, et la lune au milieu de ces montagnes est superbe! Jamais je n'aurai pensé vivre de tels moments en venant m'installer à Bonneval il y a près d'un an. Encore quelques mètres et nous sommes arrivés à la voiture. Nous faisons monter les chèvres à l'arrière, dans la caisse du pick up. Je leur donne un peu de grain et des caresses pour les rassurer. Puis nous rentrons.






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